Genèse 2:18-2 :24 L’Eternel Dieu dit: Il n‘est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui (…). C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
Le mariage est en crise, lit-on souvent, tant dans la presse généraliste que dans les revues chrétiennes. Les statistiques viennent à l'appui de ce constat et ce n'est pas la remontée récente en France du taux de nuptialité depuis deux ans qui change la situation. Le mariage n'est généralement plus le prélude à une vie commune, mais la concrétisation d'une cohabitation déjà pérenne : trois mariages sur dix légitiment des enfants. La création du PACS vient ajouter encore à la confusion. Parallèlement, le taux de divorce atteint des niveaux impressionnants : plus d'un mariage sur trois se termine par une séparation.
Si encore le vrai chrétien pouvait s'estimer à l'abri de ces dérives et se contenter d'observer la dégradation morale d'un monde dont il se
plairait à se croire séparé ! Mais qui peut dire qu'il ne connaît pas, dans sa famille, dans ses connaissances ou dans son église locale, des situations douloureuses de séparations ou de
relations pré-maritales ?
Face à cet état de fait, que doit penser et faire le chrétien convaincu ? Les incantations regrettant le temps passé ne sont pas forcément une marque de sagesse (Ecc. 7. 10), même si l'abandon du
mariage est un signe frappant de la fin des temps (1 Pi. 4. 7 ; 1 Tim. 4. 1-3 ; 2 Tim. 3. 1 ; Luc 17. 27-30).
Reproduire par tradition les schémas des générations passées n'est pas une solution très solide. Reste le retour au sûr fondement : la Parole de Dieu (Es. 8. 20).
Cet article vise à répondre à trois questions simples et actuelles, en cherchant des éléments de réponse dans la Bible, sans prétendre épuiser un sujet à la fois complexe et sensible :
- comment savoir si le mariage est la seule option de vie de couple selon Dieu ?
- dans quels cas le divorce est-il possible ?
- comment lutter efficacement contre l'influence de notre environnement ?
1. Le mariage selon la Bible
La Bible ne donne pas d'exposé systématique sur le mariage. Ce sujet est traité de façon plutôt dispersée et brève. Mais les éléments qu'elle nous donne sont suffisants pour connaître la pensée de Dieu sur ce sujet.
Pour établir ce premier point, il nous faut revenir, comme le disait le Seigneur, "au commencement". Après
avoir créé Adam, Dieu, dans sa bonté, fit le constat qu'il n'était pas bon que l'homme soit seul. Aussi décida-t-il de lui former une aide, un "vis-à-vis", à partir d'une de ses côtes. Après que
l'homme eut reconnu sa femme comme de la même race que lui, Dieu déclara : "C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair"
(Gen. 2. 24).
C'est donc Dieu qui "crée" en quelque sorte le mariage et, dans ce sens, c'est bien lui qui unit un homme et une femme qui ont décidé un plan de vie commun.
Ce verset fondateur comporte trois points qui, réunis, font qu'il y a effectivement mariage. On pourrait les comparer à un tabouret à trois pieds : si l'un manque, le tabouret est instable et risque fort de tomber.
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"L'homme quittera son père et sa mère" : Le
mariage est un acte public d'émancipation. L'homme et la femme "laissent derrière" leurs
parents et le cercle familial antérieur pour constituer une nouvelle cellule, au vu de la société. Ce verset ne développe pas davantage ce point, mais d'autres passages indiquent clairement que
le mariage selon Dieu est une alliance, devant des témoins officiels (Mal. 2. 14 ; Ruth 4. 9-10). Cet aspect est sans doute plus difficile à percevoir aujourd'hui. D'une part, la poursuite des
études ou le premier emploi éloigne souvent le jeune homme ou la jeune fille du cercle familial bien avant le mariage. D'autre part, l'existence d'autres formes socialement acceptables d'unions
a fait perdre au mariage de sa visibilité ; mais ni le PACS, ni encore moins le concubinage, ne comportent cette dimension indispensable d'alliance pérenne, dans l'engagement de toute la
personne ; pour s'épanouir, l'être humain a besoin d'un cadre protecteur et le Créateur a précisément institué le mariage dans ce but.
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"L'homme s'attachera à sa femme" : Le mariage
est le libre choix d'un homme par une femme, et réciproquement, selon les ressorts mystérieux
de l'attirance réciproque (Prov. 30. 19). Cet attachement se marque par un projet de vie commun, par un engagement de fidélité exclusive, par un amour volontaire. Ce côté du libre choix est une
évidence aujourd'hui, mais il a longtemps été dans l'histoire un des obstacles à la réalisation du dessein de Dieu dans le mariage. Retenons qu'on ne se marie pas sous la pression, par pitié,
ou par soumission à ses parents, mais par mûre décision.
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"Ils deviendront une seule chair" : Le
mariage, pour être réel, doit être "consommé", c'est-à-dire comprendre des relations sexuelles régulières, librement offertes, dans le respect du désir et du corps du conjoint (1 Cor. 7. 3-5).
Naturellement, cette expression va bien au-delà : à l'union physique des corps devrait répondre l'union au niveau de l'âme et de l'esprit. S'y ajoute aussi les soins que l'on a pour son propre
corps (Eph. 5. 28-31).
Ainsi tout mariage qui respecte ces trois éléments fondamentaux - alliance sociale, libre attachement, vie commune intime - est un mariage au sens biblique du terme.
Ajoutons deux remarques en complément :
- L'ordre de ces trois éléments n'est pas sans importance : la démarche publique doit précéder la réalisation du projet de vie et l'union des corps, sans quoi l'ordre selon Dieu n'est pas bien respecté. C'est pourquoi la Bible appelle "fornication" toute relation sexuelle en dehors du cadre du mariage.
- Le mariage a été institué avant la chute : en lui-même, il n'est donc absolument pas un péché et les relations sexuelles ne sont pas un péché, contrairement à ce qui a été trop longtemps enseigné dans l'Eglise. L'entrée du péché dans le monde n'a pas annulé cette institution, mais a entaché sa réalisation pratique sous de nombreux aspects. Pour autant, le projet de Dieu demeure et peut être vécu, même imparfaitement, par des hommes et des femmes pécheurs.
Le mariage est donc une institution divine. Il concerne tous les hommes et pas seulement les fidèles. C'est dans ce sens que l'on dit que le mariage fait partie de la "grâce commune", cet ensemble des actions bienveillantes de Dieu envers sa créature, quelle qu'elle soit (Matt. 5. 45), pour limiter les effets du péché dans le monde. Ainsi le mariage de deux musulmans ou de deux animistes est-il reconnu par Dieu. En dépit de formes et de coutumes variées, le mariage est une constante de l'humanité, selon les anthropologues ; la diversité de sa pratique, dont témoigne aussi l'histoire biblique, n'enlève rien à son universalité, même si cette diversité témoigne en partie de l'altération consécutive au péché.
Pour les croyants, le mariage possède en plus une dimension spirituelle : aux éléments clefs énumérés ci-dessus, qui constituent la base
minimale du mariage, viennent s'ajouter pour eux le désir de répondre au plan de Dieu. Cela s'exprime en particulier par l'indissolubilité du lien (en contraste avec le divorce ou la séparation),
par l'unicité de la relation (en contraste avec la polygamie ou la polyandrie) et par l'union en un seul cœur (en contraste avec une union réduite au plan charnel).
Pour autant, le mariage entre deux chrétiens n'est pas un sacrement : il n'a pas de conséquence directement
spirituelle en tant que tel. La Bible est muette sur une cérémonie "religieuse" de mariage. L'union est scellée devant l'autorité compétente : c'est la loi qui unit une femme à son mari (Rom. 7. 2). La cérémonie qui suit généralement n'a pour objet que de rappeler
l'enseignement biblique sur le mariage, d'encourager les jeunes mariés, de remercier Dieu et de prier pour eux, en témoignage, devant leurs proches et la société en général, de l'engagement
qu'ils prennent sur la terre, mais également devant Dieu.
Joël PROHIN
Source : http://www.promesses.org/arts/144p1-4f.html