Héloïse pour Clotilde
Le 16 juillet 2005
Mariage de Clotilde et David
J’avais cinq ans passé
Lorsqu’elle est arrivée,
Toute ronde, toute potelée,
Elle était belle à croquer.
Je ne me souviens plus très bien,
Juste qu’elle est là, un jour d’avril,
Bébé gracile, elle babille,
Fait la fierté de tous les siens.
Elle a posé ses grands yeux bleus,
Sur ses parents, comblés, heureux.
Faut dire que ce bébé,
A pris son temps pour débarquer !
* * * * *
Fillette fine et fluette,
Elle refusait de manger,
C’est un véritable casse-tête,
Pour lui faire avaler,
Et lui faire terminer,
Les aliments de son assiette.
Rassurez-vous, tout ça a bien changé,
Aujourd’hui, il faut même la freiner,
Pour qu’elle arrête de grignoter !
Elle avait une véritable aversion,
Pour les œufs et le jambon,
Et il était hors de question,
De lui faire changer d’opinion ;
Jamais, elle ne toucherait,
Ni poussin, ni cochon ! !
* * * * *
Princesse Sarah, Biribok, les quat’ z’amis,
Sont ses compagnons favoris,
Ses dessins animés préférés,
Ses copains du mercredi,
Qu’elle regarde à la télé.
* * * * *
Elle aime beaucoup jouer,
A la Barbie, à la poupée,
Les maquiller et les coiffer ;
Elle leur refait le portrait,
Parfois même, les démembrait !
Une véritable calamité,
Pour l’ensemble de ces jouets !
* * * * *
Elle déteste les petites bêtes ;
Les punaises, les araignées,
La font souvent hurler,
Lorsqu’elles ont la bonne idée,
Le soir, de se promener,
Bien entendu, juste sous son nez,
Au moment de se coucher !
* * * * *
Petite fille très coquette,
Elle ne veut pas de pantalon,
Ni short ni salopette,
Et ne veut pas être un garçon !
Ses habits, elle les veut rose,
Plein de couleurs, rien de morose,
Des jupes, des robes, du rouge à lèvre,
Des trucs de fille, mais rien de mièvre !
Nos parents sont très contents,
Elle est jolie poupée,
Et moi garçon manqué !
Deux sœurs du même sang,
Ne se ressemblent pas forcément !
Avec ses trois poils sur le caillou,
Elle était triste de ne pas porter,
Des barrettes et des chouchous,
Car sur ses cheveux lisses, tout glissait !
* * * * *
Elle a quelques difficultés,
A mettre à son bon pied,
Sa chaussure ou son soulier.
Ca nous fait tous bien rigoler,
Nous autres ses aînés ;
Pour nous, ce n’est pas compliqué,
D’avoir les petons du bon côté !
* * * * *
Elle nous faisait bien rire aussi,
Quand le matin, elle se levait,
Et que seule, elle se sifflait,
Pendant que tout le monde dormait,
Les fonds de verre des amis,
Invités par nos parents, la veille,
Et tous les fonds de bouteille,
En silence et en catimini !
On devait tous faire attention
A bien revisser les bouchons !
* * * * *
Frivole, pipelette,
Volubile, extravertie,
Cette petite sœur cadette,
Est le jour et moi la nuit.
Je suis timide et renfermée,
Elle est mon parfait opposé,
Deux sœurs du même sang,
C’est ma foi, bien différent !
* * * * *
Un peu pot de colle,
Souvent chipie,
Elle sème la zizanie,
Farfouille dans mes affaires d’école,
Investi mon bureau,
Je l’ai souvent sur l’dos !
Elle s’immisce dans ma vie,
Avec elle, c’est l’hallali !
Assumer son rôle d’aîné,
C’est pas toujours la panacée !
* * * * *
Elle est canaille,
On se chamaille,
Elle est peste,
On se déteste !
Elle est démon,
On s’file des gnons !
On se fait mal,
On se donne des coups,
Assez banal,
On en rigole et puis c’est tout !
Etre sœur, c’est formidable,
On oublie vite les choses désagréables !
* * * * *
Elle chante, dessine, joue du piano,
Voue une passion à Madonna,
Et plus étrange, à Dalida !
Elle se balance au moindre son,
Elle semble à l’aise, à l’unisson ;
L’oreille collée à la radio,
Elle a le rythme, le bon tempo,
Dès que la musique retentit,
Elle semble atteindre le Paradis !
Sa belle voix de soprano,
Résonne encore dans nos tympans,
Ses dons toujours plus grands,
Se développant avec le temps,
Ont convaincu de son talent.
Elle est des nôtres, c’est évident !
* * * * *
Artiste Saltimbanque,
Elle a choisi pendant un temps,
La vie de bohême, en apprenant,
Le maquillage, le déguisement ;
C’est finalement l’animation,
Dont elle fera sa vocation.
Faire le guignol, ça la connaît,
Faire le clown également,
Elle a le don de dérider,
Un régiment en un rien de temps !
Faire rire n’est pas inné,
Les fées lui ont donné,
Entre autre, cette belle qualité.
Béni soit-elle, de faire de nous,
Des amateurs, des spectateurs,
De ses grimaces, de ses humeurs,
Ses plaisanteries, ses pitreries,
Et de nous mettre le rire aux joues.
Avoir la tête dans les nuages,
Et être un peu en décalage,
N’empêche en rien d’atteindre, à l’âge,
La bonne berge, le bon rivage !
* * * * *
Elle a donné une bonne leçon,
A ces instits, ces agrégés,
Qui l’avaient bien vite condamnée,
A une carrière toute étriquée.
Ces gens petits,
Etroits d’esprit,
N’ont décidément rien compris,
Trop plein de jalousies,
Embourbés de préjugés,
Qu’on ne laisse pas de côté,
Une petite fille un peu perdue,
De n’être pas bien reconnue,
Ni d’être vue et entendue.
* * * * *
Ado rebelle, un peu paumée,
Elle s’est beaucoup éparpillée,
Souvent inquiète et angoissée,
Elle a fait fi de ses manies,
Elle s’est cherchée, elle s’est jugée,
Elle s’est trouvée, s’est acceptée,
Et s’est forgée,
Sa personnalité ;
Pas facile de décider,
Un beau jour, d’exister.
* * * * *
Pourtant, pendant longtemps,
Dieu que nos oreilles ont souffert,
De ses cris, de ses colères.
Parents et grands-parents,
Ont bien eu fort à faire,
Avec ce sacré tempérament,
Ce fichu caractère !
Pas facile de composer,
Avec ce fougueux bélier !
* * * * *
Sa sociabilité, sa disponibilité,
Son enthousiasme, sa naïveté,
Nous ont fait peur pendant longtemps,
Il fallait souvent la surveiller,
Pour qu’elle arrête de ramener,
A la maison, dans notre foyer,
Toutes les pauvres âmes du monde entier !
Rien de surprenant chez cette enfant,
Qui embrassait notre curé,
Lorsqu’il venait de temps en temps,
Et pourtant, pas si souvent,
Notre famille visiter !
* * * * *
On s’est perdu quelques années,
Lorsque je suis partie étudier,
Le temps pour moi,
De chercher un métier.
Et de trouver, enfin, ma voie.
Cinq ans d’écart nous séparaient,
Nous n’avions pas les mêmes projets,
Ni les mêmes centres d’intérêts,
De plus en plus, on s’éloignait.
* * * * *
Et puis, Thierry m’a emmenée,
Bien loin d’elle, dans cette région,
Que j’espère bientôt quitter,
En obtenant ma mutation.
* * * * *
Il parait que tout ce temps,
Je lui ai beaucoup manqué,
Je ne m’en suis jamais douté,
N’ai jamais rien remarqué.
Naïve aîné que j’ai été !
Qu’elle veuille bien me pardonner,
Loin de moi cette idée,
De l’avoir abandonnée,
De l’avoir mal protégée,
Ou de l’avoir sous aimée !
Peut-être fallait-il se séparer,
Pour ainsi mieux nous retrouver.
* * * * *
Elle est aujourd’hui matelot,
Responsable d’anim’ sur un paquebot,
Et vogue toute l’année sur les flots,
De Portsmouth à Saint-Malo.
Amusant d’être sur un bateau,
Lorsque petite, on a si peur de l’eau !
* * * * *
La couleur, l’exotisme,
L’ont toujours attirée,
Au fil du temps elle est restée,
Fidèle à ses principes, à ses idées.
L’intolérance ou le racisme,
Les gens méchants ou la bêtise,
Ne l’ont en rien découragée,
Puisqu’elle a choisi d’épouser,
Ce beau marin tout métissé.
* * * * *
Les années ont passé, elle a grandit,
Devenue femme, elle se marie.
Grâce à elle, j’ai bien compris,
Combien elle est essentielle à ma vie.
* * * * *
Nulle amie ne vaut une sœur,
Les liens du sang, les liens du cœur,
Sont les plus purs et les plus grands ;
Le temps se charge d’effacer,
Les nombreux heurts et les douleurs,
Que l’on éprouve quand on est sœur.
Jalousies, rivalités,
N’ont jamais existé,
Et n’ont jamais éloigné,
La benjamine de son aînée ;
Parce qu’on est sœur, on se comprend,
On se soutient, on s’tend la main,
Quel que soit la route ou le chemin.
* * * * *
Clotilde, David, il est grand temps,
D’oublier tous ces gens,
Tous ces cons et ces méchants,
Qui vous ont très mal jugé souvent,
Qui ne vous ont pas bien compris,
En vous consacrant à cette nouvelle vie,
Qui s’ouvre à vous aujourd’hui.
* * * * *
David, sois digne d’être son mari ;
Protège-la,
Chéris-la,
Et n’oublie surtout pas,
Que le but du mariage,
Est de traverser les âges,
En dépit des malheurs,
Et malgré les douleurs,
Pour le meilleur et pour le pire,
Dans les soucis comme dans les rires.
* * * * *
Noces d’argent ou de papier,
L’important, c’est de s’aimer,
Se respecter et s’écouter,
Et de tout faire pour arriver,
Jusqu’au bout de la vie,
Avec le compagnon qu’on a choisi.
* * * * *
Prenez tout votre temps,
Ne soyez pas trop pressés,
Pour construire votre foyer,
Et accueillir vos enfants.
Coulez des jours heureux,
Ne soyez pas peureux,
Et laissez-vous guider,
Par la magie de la vie,
Qui vous sourit aujourd’hui.
* * * * *
En tous les cas, quoi qu’il en soit,
Pour ma sœur, je serai là,
En cas de souci ou de besoin,
Je ne serai pas bien loin,
Pour l’aider, la conseiller,
La consoler ou la guider,
Même si ma science n’est pas innée,
Car c’est mon rôle de sœur aînée.
Et malgré cet anneau,
Glissé tout à l’heure à ton doigt,
Ma sœur, crois-moi, tu resteras,
Un petit bout de moi.
Cacahouète
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