Ce nounours-là en avait vu de toutes les couleurs !!!
Pendant plus de quinze ans de doux labeur,
Il avait prodigué ses bons et loyaux services,
À ce petit garçon, plein de malice,
Petit démon, petit fripon,
Baptisé d’un très joli prénom,
Qui l’avait adopté, un joli mois de mai,
Au rayon jouets du Magasin Farfadet.
Tour à tour doudou, compagnon de jeu, confident,
Il l’avait accompagné, année après année,
Sans jamais faillir à sa mission !
- Parole d’ourson -
Et partageant au fil du temps,
Le quotidien de cet enfant,
Joliment prénommé Simon,
Et couvert de tâches de son.
Il descendait de la célèbre famille,
Des Ours en peluche Brun,
La communauté des Teddy Bears,
Qui habitait là-bas, très loin,
Et qui se faisait, depuis la nuit des temps,
Le devoir d’assister,
Les enfants, petits et grands,
Et tous les minots du monde entier.
Simon l’installait confortablement dans son lit,
Bien calé entre les oreillers,
Tous les matins de toute l’année,
Avant de partir étudier.
E tous les soirs, après l’école,
Il revenait en courant,
Trop content de rentrer,
Et de pouvoir le câliner.
Son visage s’illuminait,
Lorsqu’il voyait dépasser de l’édredon,
Le petit museau noir et les oreilles marron,
Tachetées de beige, de son ourson
!
Papa et Maman lui avait offert l’ourson,
Lorsqu’il était revenu de l’hôpital,
Opéré des amygdales.
Comme il avait été très courageux,
Et qu’il n’avait même pas pleuré,
Sur le chemin de la maison,
Ils s’étaient arrêtés,
Chez le marchand de jouets,
Et lui avaient acheté,
Cette petite boule de poils,
Qui ne l’avait jamais plus quittée.
Ce petit compagnon,
Tout doux, tout poilu,
Lui avait tout de suite plu,
Car il était bien différent,
De tous les nounours qu’il avait vus,
C’était bien évident !
Celui-là était particulier !
Son œil avait cligné,
Lorsque Simon l’avait choisi,
Et emmené avec lui !
Il était mignon, il sentait bon,
Il ferait un excellent compagnon !
Simon lui donna un joli nom,
- Peluchon -
Car c’était un garçon,
Et lui réserva la meilleure place sur l’édredon.
Peluchon l’accompagnait partout,
Le suivait du soir au matin,
Du salon au jardin,
De la cave au petit coin !
Il était le gardien de son sommeil,
Le complice de ses rêves,
Le protecteur de ses nuits.
Grâce à lui, il était courageux, il était bagarreur,
Les monstres du placard ne lui faisaient plus peur.
Simon était un bon garçon,
Et un gentil copain,
Car il prenait grand soin,
De son petit ours brun.
Du soir jusqu’au matin.
Il le couvrait de bisous,
Lui offrait des biscuits,
Rigolait avec lui,
Le serrait dans ses bras,
Partageait son chocolat,
Lui frottait le bidon,
Lui chatouillait les petons,
Lui gratouillait le menton !
Que de secrets partagés,
Que de confidences échangées,
Que de larmes épongées …
Ces deux là étaient inséparables,
Une amitié incomparable,
Et leur destin était scellé !
Puis les années sont passées ;
Peluchon a vieilli, lui aussi ;
Il s’est un peu abîmé,
Ses poils se sont raplatis,
Ses yeux un peu ternis,
Et il a même perdu,
Un petit bout de nez !
La faute au roquet de la maison voisine,
Qui l’avait un jour croqué de ses petites canines,
Alors que Simon l’avait confortablement installé,
Au soleil, au bord de la piscine !
Ben oui, il trouvait Peluchon un peu pâle,
Et voulait lui faire prendre quelques hâles !!
Mal lui en a pris,
Car ce jour-là, Peluchon,
Perdit un petit bout de son anatomie !
Et puis Simon grandit,
Et se désintéressa de son ourson;
À quinze ans, c’est normal,
Un garçon à d’autres centres d’attraction,
D’autres préoccupations.
Puis, il quitta la maison,
Et oublia Peluchon,
Qui fut, pour quelques temps remisé,
Dans la malle de grand-maman,
Quelque part au grenier.
Rassurez-vous, Peluchon était heureux,
Il partageait ce petit coin tranquille,
Avec la jolie Pétronille,
La poupée blonde et gironde,
De Mademoiselle Camille,
La petite sœur du garçon !
Ils faisaient la causette toute la journée,
Tricotaient, buvaient le thé,
Faisaient des mots croisés,
Sans jamais s’ennuyer,
Sans jamais se fâcher.
Etaient-ils amoureux ?
L’histoire ne le dit point,
Mais on peut le supposer ! !
Puis Simon, un beau jour a mûri,
Et s’est retrouvé du poil au menton,
Il a grandit, grandit,
Et est devenu homme, tout grand, tout long ;
Un costaud un peu pataud,
Un gaillard pas très bavard.
Du haut de ses vingt ans,
Il restait pourtant, un grand enfant …
Un vrai cœur d’artichaut, comme disaient ses parents.
Une belle âme, un gros cœur, une belle réputation;
Ses yeux pétillaient de bonheur,
Il était gai comme un pinson.
Il faisait de belles études ;
Depuis tout petit, il vouait aux animaux,
Une véritable passion …
Les chiens, les chats, les vaches et les cochons !
Simon voulait soigner,
Toutes les petites bêtes du monde entier !
Un dimanche qu’il prenait le café,
Dans la maison de ses parents,
Qu’il dégustait tarte aux fraises, mousse pralinée,
Il pensa à Peluchon,
Et se souvint de cet ourson,
Si fidèle, si câlin, si patient,
Qui ne l’avait jamais trahi ;
C’est certain, un ourson n’est jamais cabochon !
Grâce à lui,
Sa vie d’enfant avait été fort jolie !
Il monta quatre à quatre les
marches de l’escalier,
Qui le conduisirent du salon au grenier.
Un sanglot l’assaillit lorsqu’il le découvrit !
Que de souvenirs le liaient à lui,
Que d’aventures partagées,
Quelle joie de le retrouver !
Sans que personne ne le su,
Car la sensibilité est mal perçue,
Un garçon tient à sa réputation,
Et cache souvent ses émotions,
Simon mit Peluchon,
Bien au fond de son baluchon,
Et le ramena dans sa maison.
Peluchon retrouva sa place d’honneur sur l’édredon.
Personne ne le vit, mais Peluchon,
À cet instant, lui sourit …
L’amitié, quelle qu’elle soit,
N’a décidément pas de prix !